Quels sont les bénéfices démontrés de la lutte contre le surpoids ou l’obésité chez l’enfant ?
En terme de réduction pondérale pure, il semble illusoire d’attendre des résultats si on n’associe pas plusieurs types de prise en charge ( mesures diététiques, exercice physique, psychothérapie
comportementale, prise en charge familiale).
Qu’en est-il des critères cliniques ? En fait aucune étude n’a démontré d’effet positif des prises en charge sur les complications morbides de l’obésité infantile. Le seul objectif étudié
semble être le poids lui-même, et non les complications morbides de l’obésité.
De même que certains traitements du diabète ont montré une certaine efficacité sur un critère intermédiaire ( HbA1C), mais pas sur des critères cliniques ( réduction des complications morbides
liées au diabète), ou bien des traitements hypo-cholestérolémiants qui ont un effet démontré sur le LDL mais pas sur la mortalité globale ni sur les complications cardio-vasculaires, de même la
prise en charge thérapeutique de l’obésité chez l’enfant n’a pas démontré d’effet bénéfique sur les complications liées à l’obésité ( pathologies articulaires, cardio-vasculaires, etc).
La réduction de l’ IMC n’est qu’un objectif intermédiaire, et la réalisation de l’objectif primaire ( réduction de la morbi-mortalité liée à l’obésité chez l’enfant) reste une hypothèse, ou une
extrapolation.
Cette nuance est d’autant plus importante que certains auteurs mentionnent les effets délétères éventuels de ces prises en charge multi-factorielles de l’obésité infantile : stigmatisation, souffrance psychologique, perte de l’estime de soi.
On est donc d’autant plus impatients de disposer d’études fiables démontrant enfin le bénéfice clinique des interventions thérapeutiques sur l’obésité infantile.
Quant au surpoids, proprement dit, sans obésité vraie, les recommandations de prise en charge ont un niveau de preuves encore plus faible.
Cette citation extraite des recommandations HAS en dit long sur le niveau de preuves des prises en charge actuelles :
" Limites des données de la littérature :
Les études identifiées ne permettent pas une extrapolation des résultats à la population générale des enfants et adolescents obèses notamment en France. Des études ont été réalisées en centre spécialisé, un nombre important d’entre elles est issu d’une même équipe, nord-américaine, pratiquant un recrutement par voie d’annonces et rémunérant parfois les sujets. Les interventions sont souvent courtes, de quelques semaines à quelques mois. Les études n’ont pas comparé l’efficacité des traitements en fonction de l’âge. La plupart de ces études ont inclus un petit nombre de patients et l’absence d’efficacité d’une modalité de prise en charge peut être due à un manque de puissance. "
Autres éléments de réflexion et autres sources:
1." Les effets à long terme (plus de deux ans), tant des interventions médicamenteuses que non médicamenteuses, n’ont fait l’objet d’aucune étude. "
(Traitement de l’obésité. Prise en charge résidentielle des enfants sévèrement obèses en Belgique. Health Technology Assessment (HTA).
Bruxelles: Centre Fédéral d’Expertise des Soins de Santé (KCE); 2006. KCE reports
36B (D/2006/10.273.29)).
2."Les données de la littérature ne permettent pas de conclure sur le type de prise en charge le plus efficace. Les données de
qualité avec un suivi à long terme restent limitées
Deux revues systématiques de la Cochrane Library, l’une sur les stratégies de prévention (CAMPBELL), l’autre sur les stratégies thérapeutiques (SUMMERBELL), ainsi qu’une synthèse méthodique menée par REILLY et coll. (2003) montrent que les données de qualité restent limitées, qu’aucune conclusion ne peut être tirée et que des recherches complémentaires sont nécessaires. Cependant, d’après les auteurs de ces études, se concentrer sur les stratégies qui encouragent la réduction de la sédentarité et l’augmentation de l’activité physique semble être fructueux. "
L’OBÉSITÉ CHEZ L’ENFANT
Recommandations
de Bonne Pratique
Société Scientifique de Médecine Générale
3.
Définition, diagnostic et indications thérapeutiques de la surcharge pondérale de l’enfant et de l’adolescent
Nathalie Farpour-Lambert, Genève; Dagmar l’Allemand et Josef Laimbacher, St. Gall
Paediatrica Vol. 17 No. 6 2006
4.La prévention de l’excès de poids et la prise en charge nutritionnelle des enfants et adolescents obèses.
M.J. Mozin
Rev Med Brux 2005 ; 26 : S 219-23
5.Numéro 351 du 24 juin 2004
BIBLIOMED
Les analyses du Centre de Documentation et de Recherche en Médecine Générale
Centre de Documentat ion
et de Recherche
en Médecine Générale
CDRMG
Sociét é Savante de l'UNAFORMEC
6.Interventions for treating obesity in children
Summerbell CD, Ashton V, Campbell KJ, Edmunds L, Kelly S, Waters E
" Although 18 research studies were found, most of these
were very small studies and so evidence from them is limited. In conclusion, there is a limited amount of quality data on the effects of programs to treat childhood obesity, and as such no
conclusions can be drawn with confidence. "